Paradise Now

 

Un film d’Hany Abu-Assad

 

 

Avec Kais Nashef, Ali Suliman, Lubna Azabal, Amer Hlehel, Hiam Abbass…

 

Paradise now raconte l’histoire de deux jeunes palestiniens, qui survivent grâce à un petit boulot dans un garage. Un jour, ils sont appelés pour mener une opération martyre à Tel Aviv. Ils vont se trouver face à leurs choix, leurs doutes, leurs convictions, leur destin.

 

Ce film s’est tourné sur le terrain de l’occupation entre Naplouse et Jerusalem, afin de garder l’authenticité du récit intact. Car il s’agit d’une histoire qui se répète encore aujourd’hui, tragiquement et fatalement.

 

Un film qui pourrait être un documentaire tant il fait état de la jeunesse palestinienne d’aujourd’hui, coincée entre la pauvreté et la paix fragile, la religion et la lutte héritée de leurs pères, de leurs oncles, cette lutte pour l’honneur, pour un bout de la Terre, cette fameuse terre sainte qui se fait déchirer deux peuples, deux religions depuis trop longtemps.

 

Une photographie désolante de ces martyrs, simples hommes dont le destin semble promis à la mort, que ce soit à cause de l’enfermement dans des camps tels celui de Naplouse ou en se suicidant, croyant ainsi faire plus de mal à Israël qu’ils n’en font à leur propre pays en se supprimant et annihilant ainsi un peu plus les efforts de paix.

 

Portés par des comédiens excellents, dont Lubna Azabal (qui tenait l’un des rôles titres d’Exils, Tony Gatliff), le film ne tombe pas dans un sentimentalisme ou un parti pris. Il considère, fait une sorte d’état des lieux de la situation actuelle, des motivations que revendiquent les jeunes martyrs et celles qui servent d’abord les milices armées à la solde du pouvoir.

 

Du côté de la réalisation, Hany Abu-Assas a pris le parti du minimalisme, portant d’abord son attention sur les personnages et les situations qu’ils rencontrent qu’une forme qui aurait pu être inappropriée. Il insiste beaucoup sur la préparation des martyrs, de leur purification physique mais aussi du travail effectué par les hommes de l’ombre, les chefs de guerre qui sont là pour les convaincre de la « raison » de leur choix, de ce destin inexorable qui les attend une fois le mur de sécurité franchi.

 

Sans musique, le film se termine et laisse le spectateur à sa propre réflexion…. Quel avenir pour les territoires colonisés, rendus aux palestiniens alors que d’un autre côté, le fameux tracé du Mur de Sharon, le Mur de la Honte, ne cesse de s’agrandir pour finalement prendre plus de territoire qu’il n’en rend aux palestiniens de l’autre côté ? Quel avenir pour la jeunesse palestinienne, méprisée, condamnée, utilisée à des fins politiques pour des enjeux qui bien souvent les dépassent complètement ?

Un film qui ne laisse donc évidemment pas insensible, qui reçut d’ailleurs le Blue Angel Prize, au dernier festival international du film de Berlin, le trophée du meilleur film européen.

 

Paradise now est à découvrir, avant qu’il ne disparaisse des salles, et disparaisse malheureusement des esprits, comme ce conflit devenu si commun qu’il n’intéresse plus les instances internationales que pour son écho politique….

 

 

Arnaud Meunier

11/09/2005